Ces derniers jours, la question revient souvent : comment prier et quelle prière faut-il utiliser en ce temps de calamité ? D’une façon générale, la meilleure manière de prier est d’unir nos prières à la prière publique de l’Église, parce que cette dernière continue la prière de Jésus-Christ en Croix. Par cela-même, elle plaît grandement à Dieu, car elle participe des mérites infinis du Christ. C’est par l’union de nos prières à celles du Christ perpétuées jusqu’à la fin du monde par le Saint Sacrifice de la Messe, que nos prières prennent une valeur toute particulière. Sainte Gertrude (XIIIe sc.) n’écrivait-elle pas : « Que chacun s’applique donc à prier avec plus de dévotion en union de la Passion de Jésus-Christ, d’autant que la Passion donne toujours plus de valeur à nos prières auprès de Dieu le Père ? ».
Dès lors que pouvons-nous faire aujourd’hui, en ces temps d’épidémie qui nous obligent au confinement? Prière et pénitence, telle est la réponse adéquate du chrétien.
Dieu nous a enseigné lui-même la manière dont nous devons prier. En la personne de son Fils, Jésus-Christ, Il nous a enseigné la prière du Notre Père (Mt., VI, 9-13 et Lc., XI, 1-4) et par son messager, l’Archange Gabriel, la prière du Je vous salue, Marie, prière ô combien salutaire qui attendait le Fiat de Notre-Dame à l’origine de l’Incarnation du Verbe et de notre Rédemption.
Ces deux excellentes prières touchent tout particulièrement le Cœur de Dieu. Nous pouvons dès lors, comprendre aisément combien, avec les Psaumes du Prophète David, elles constituent le pilier de la piété officielle et publique de l’Église qu’est l’Office divin, appelé aussi Liturgie des Heures ou Bréviaire. Ce dernier a été composé dès la plus haute antiquité afin de nourrir la vie spirituelle des Chrétiens en la conformant aux sentiments et aux pensées de Dieu même.
La prière du Rosaire, appelé aussi le Psautier de Marie, réjouit non seulement le Cœur de Dieu mais aussi celui de Notre-Dame, parce qu’elle nous apprend à modeler notre vie chrétienne sur les sentiments de Marie « qui conservait toutes ces choses en son Cœur (Lc., II, 19) ». Notre bonne Mère du Ciel nous l’a transmise en la révélant à saint Dominique. Sollicitant sa dévotion à d’innombrables reprises dans la suite des âges, Marie ne s’est jamais lassée de redire combien cette prière est méritoire. Lorsque nous récitons les Je vous salue Marie, – appelés aussi Salutation angélique –, qui le composent, nous répétons les paroles de Dieu lui-même en lui rendant grâce, en méditant la vie de Jésus et de Notre-Dame en demandant la grâce de les imiter dans leurs vertus pour nous rapprocher toujours d’avantage de Dieu, notre Père.
La prière du chapelet associée à la véritable pénitence et unie au Saint Sacrifice de la Messe, est sans aucun doute le moyen le plus efficace à la portée de tous pour obtenir de Dieu le salut des âmes et le nôtre.
Six fois de suite, lors de ses apparitions aux enfants de Fatima, Notre Dame demande que l’on prie le chapelet et que « l’on cesse d’offenser Dieu qui est déjà tellement offensé ».
L’extrait suivant de l’entretien de Sœur Lucie de Fatima avec le Père Fuentes en 1958 nous le confirme:
« Mon Père, la Très Sainte Vierge est bien triste, car personne ne fait cas de son message, … , dans les plans de la divine Providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise auparavant tous les autres recours. Or, quand il a vu que le monde n’a fait cas d’aucun d’eux, alors comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa Très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel, parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit-Saint, qui consiste à repousser ouvertement, en toute connaissance et volonté, le salut qu’on nous offre. Souvenons-nous que Jésus-Christ est un très bon Fils et qu’il ne permet pas que nous offensions et méprisions sa très Sainte Mère. Nous avons comme témoignage évident l’histoire de plusieurs siècles de l’Église qui, par des exemples terribles, nous montre comment Notre-Seigneur Jésus-Christ a toujours pris la défense de l’honneur de sa Mère. Il y a deux moyens pour sauver le monde : la prière et le sacrifice. Et donc, il y a le saint Rosaire. Regardez, Père ! la très Sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se rapportant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, que ce soient des familles qui vivent dans le monde ou des communautés religieuses, ou bien à la vie des peuples et des nations, il n’y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint Rosaire. Avec le Saint Rosaire nous nous sauverons, nous nous sanctifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et nous obtiendrons le salut de beaucoup d’âmes. Et donc, ayons la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, notre très Sainte Mère, en la considérant comme le siège de la clémence, de la bonté et du pardon, et comme la porte sûre pour entrer au Ciel ».
Et Sœur Lucie, toujours dans cet entretien, de nous avertir et de nous rappeler par ces paroles très graves un autre devoir que nous devons prendre à cœur par nous-mêmes, celui de la pénitence :
« Père, me disait encore sœur Lucie, n’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des congrégations religieuses. Non. Notre-Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n’en a pas fait cas. C’est pourquoi maintenant, il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme spirituelle. Chacun doit sauver non seulement son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin. Le démon fait tout ce qu’il peut pour nous distraire et nous enlever le goût de la prière; nous nous sauverons ou nous damnerons ensemble… »
L’Église ne nous invite-t-elle pas à cela en nous le rappelant dans une de ses oraisons dans laquelle elle implore solennellement la miséricorde de Dieu?: « O Dieu, que la faute offense et la pénitence apaise, écoutez les prières de votre peuple suppliant, et détournez de nos têtes les fléaux de votre colère, que nous avons mérités par nos péchés ».
En ces jours de pandémie, si nous nous soucions particulièrement de la santé de nos corps … mortels, que faisons-nous de nos âmes … immortelles? Veillons d’abord à ce que nos âmes et celles de tous ceux qui nous entourent, puissent respirer le mieux possible et se désaltérer à la source qui ne tarit pas: « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ». (Jn, IV, 14.)
Rejoignons tous ceux qui à travers le monde puisent leur force dans la prière du chapelet quotidien et les pays qui se sont déjà engagés dans cette voie d’éternité comme l’Irlande, le Liban, la Zambie, la Jordanie, l’Australie, …. et transmettons cette flamme d’Amour et d’Espérance autour de nous pour aider le Ciel à faire renaître la Foi au cœur des nations.
A Jésus par Marie !